Écarts de pêcheurs de Langle, de Bellevue, de Barr
Les maisons de pêcheurs construites entre la fin du 19e siècle et le milieu du 20e sont les éléments les plus intéressants des héritages maritimes bâtis subsistant sur cette partie nord-ouest de la presqu´île. Elles sont nombreuses sur ces sites. Elles forment des alignements homogènes et continus (rues descendant vers la grève comme c´est le cas pour le village de Langle ou portions de la route centrale qui relie Langle à Bellevue). Sur cette route centrale, qui date du tournant des 19e-20e siècles, époque du boom de la pêche artisanale, des constructions plus récentes d´architecture pavillonnaire s´intercalent avec ces maisons de pêcheurs.Les maisons de pêcheurs datant du tournant 19e-20e siècle se caractérisent par leur taille modeste, leur niveau unique, leur façade qui présente en général une fenêtre de chaque côté de la porte d´entrée, leur lucarne pendante (ou gerbière) prolongeant la partie centrale du mur de la façade, leur toit d´ardoise et leur position directement sur la rue. Rarement, un minuscule jardinet occupe l´espace laissé vacant par le léger retrait de la construction par rapport à la rue.Certaines maisons plus récentes (après 1950) qui furent parfois des boutiques ou des cafés, arborent, au-dessus de la porte et quelquefois en fronton, des moulages figurant le bateau emblématique de la presqu´île : le sinagot.La majorité des maisons de ces villages n´est plus occupée par une population maritime active.À la pointe se situe Port-Anna, dernier port de pêche du Golfe du Morbihan en activité.Les villages qui se succèdent sur la route de Langle à Bellevue ont fortement profité du dynamisme de la pêche durant la seconde moitié du 19e siècle et le début du 20e siècle. Cette activité fut favorisée ici par l´existence de plusieurs sites naturels permettant l´échouage de bateaux : la pointe de Barrarac´h (rapidement équipée d´une modeste cale en pierres sèches), la plage au sud de Langle (appelée Port-Blanc sur la Carte du Morbihan de 1929), l´anse abritée de Port-Anna, appelée sur le cadastre de 1845 le Port-Guen.Au début du 19e siècle, l´écart (appelé « village » en Bretagne) de Langle, orthographié L´Angle, est le dernier ensemble d´habitations avant d´arriver à l´extrêmité de la presqu´île de Séné qui à l´époque, est un lieu de passage fréquenté mais ne compte pas d´habitation. En 1841, le village de Langle compte 118 individus (24 maisons). Ce sont principalement des pêcheurs et des journaliers dont les habitations se situent de part et d´autre de l´actuelle rue de Langle qui mène à la fontaine et à la plage, éponymes. Quelques habitations s´égrènent également au début de la route menant de Langle à Bellevue en se raréfiant au fur et à mesure que l´on s´éloigne du village. A la même époque, le secteur de Bellevue, à l´extrémité de la presqu´île, ne compte alors qu´une famille de quatre individus, dont le père est débitant de vins. Plus au nord, le lieu-dit Barrarac´h abrite deux maisons qui accueillent 19 individus (dont un préposé aux douanes, certainement en relation avec le corps de garde qui surplombe l´entrée de la rivière de Vannes).Au large, située à environ 350 mètres du continent, l´île privée de Boëdic comporte, selon les plans cadastraux de 1845, dans sa partie ouest une chapelle et une maison nommée Le couvent, et dans sa partie est des entrepôts.Jusqu´aux années 1950, date de la construction du port de Port-Anna, les bateaux s´échouaient entre le village de Langle et l´île de Boëdic. À partir du milieu du 19e siècle, l´essor de l´activité de pêche entraîna une augmentation substantielle de la population dans la presqu´île. En 1886, le village de Langle compte 310 individus, majoritairement pêcheurs. Le nombre de maisons de l´ensemble du secteur augmente également, passant de 30 en 1841 à 70. Les constructions suivent le tracé de la route de Langle à Bellevue. La population de cette extrêmité nord-ouest de la presqu´île atteint le chiffre de 400 habitants en 1911. Les hommes sont quasiment tous pêcheurs. S´y ajoutent néanmoins quelques cultivateurs, trois cabaretiers et trois ostréiculteurs. L´essor des activités halieutiques a conduit à la construction de la cale de Badel (1906), face à l´île de Boëde.Parallèlement, le village de Bellevue s´urbanise sous l´effet de la croissance de la population de pêcheurs (essentiellement au cours de la période précédant la Première Guerre mondiale). Les premières villas balnéaires y sont construites. L´île de Boëdic participe de cette dynamique avec l´édification d´une belle maison de villégiature. En 1904, Adrien Régent dans son guide touristique décrit ce qu´il voit lorsqu´il descend, en bateau, le chenal de sortie de la rivière de Vannes : une presqu´île (celle de Langle) couverte « de villas neuves et de gros villages à maisons blanches ».Le recensement de 1931 donne avec précision le nombre d´habitants par village. Langle reste le plus important avec 200 individus (pêcheurs en majorité), Bellevue qui s´est fortement développé, totalise 106 individus (tous les hommes étant pêcheurs à l´exception de trois), Le Meniech rassemble 37 individus (les hommes étant en majorité pêcheurs) et Barrarac´h 10 individus.Au milieu des années 1950, un port moderne est construit dans la petite anse de Port-Anna, ce qui contribue à fixer une population de pêcheurs à proximité du site ; contrairement aux autres sites où la population de pêcheurs actifs a tendance à s´amenuiser.Dès le milieu du 20e siècle, l´urbanisation est déjà continue de Langle à Bellevue. A partir des années 1970 l´étalement urbain atteint le village de Barrarac´h. C´est à cette époque qu´est construit le lotissement « Le domaine de Port-Anna » à l´extrémité de la presqu´île. Il s´agit du seul lotissement de ce secteur.
Auteur(s) du descriptif : Amghar Julien ; Vincent Johan ; Péron Françoise
Par : L'inventaire du patrimoine