Ouvrages fortifiés de l'Île à Bois sur la commune
La cartographie détaillée et la typologie des différents ouvrages militaires de l'Île à Bois permis le repérage sur le terrain (fig. n°3, 4 et 5). Cependant la plupart de ces fortifications est enfouie sous la végétation et peu accessible. Le propriétaire des lieux en a limité l'accès pour des raisons de sécurité. Ce qui a eu pour conséquence de limiter l'étude et la description aux seuls ouvrages découverts de visu et documentés. Une casemate type 612 et un canon de 50mm antichar monté en Bauform Vf221, défendent les accès Sud de l'île. Une casemate pour 47 mm Skoda contrôle la digue avec une tourelle de char FT 17. Quatre casemates H 667 pour 50 mm KwK, battent les pourtours en direction de l'Île de Bréhat.Lors de notre enquête de terrain, nous avons pu repérer et identifier les deux casemates H 611, réaménagés à usage domestique, en bon état, qui font face à la côte de l'Arcouest et au grand chenal du Trieux (non étudiés pour des raisons de confidentialité), étudier le garage à canons (au Nord de l'île), le poste de commandement type 502, le réservoir d'eau de 200 m3, situé au point culminant de l'île, un des deux tobroucks, au Sud-Ouest et un exemplaire de blockhaus, du type H 667. Dans la pièce réservée au cantonnement de la casemate H 611, une rare fresque peinte représente un éléphant avec le texte suivant (écrit en allemand), que nous traduisons en français : 'J'aimerais être un éléphant, ainsi pourrais-je jubiler à pleine voix ! Ce ne serait pas pour l'ivoire mais pour l'épaisse carapace ! 'Les fortifications sont construites en béton armé, avec un toit en terrasse. Le 'pont' (ancien tombolo) de l'Île à Bois est en bon état, construit en moellons de granite, il mesure environ 100 mètres de longueur sur 6 mètres de largeur et 2 mètres de hauteur, au niveau de l'île.Pendant la seconde guerre mondiale, le site de l'Île à Bois était occupé par la 2ème compagnie du 3 /897ème régiment d'infanterie, de la 266ème division d'infanterie (PC à Belle-Isle-en-Terre), qui dépendait elle même du LXXIV corps d'armée, implanté à Guingamp. Le Mur de l'Atlantique sur le canton de Lézardrieux dépendait de la 19ème région du Génie de Forteresse. La construction des ouvrages de défense militaire était impartie au groupe du Génie III/9 sis à Plouaret. Le port de Lézardrieux était d'une grande importance stratégique pour les Allemands, comme seul port en eau profonde de la côte Nord, face à la Grande-Bretagne. Il était utilisé par les Allemands comme mouillage pour des embarcations de différents types. Il était défendu en particulier par le point d'appui lourd ('Stützpunkt') de l'Île à Bois et l'aménagement sur cette île d'environ 47 constructions militaires (blockhaus pour mitrailleuse, casemates H 667 et H 611, tobroucks, abri H 621 avec un puits extérieur, ringstand, excavation bétonnée, observatoire d'artillerie avec toit blindé et créneau bétonné, type 627, réservoir d'eau). A ces ouvrages, il faut ajouter des fortifications de campagne et des obstacles de plage (tétraèdres toujours visibles de nos jours sur la plage Ouest de Kermouster) L'île à Bois, située au débouché de l'estuaire, commandait en effet l'accès au port de Lézardrieux et fut de ce fait fortifiée par l'occupant.L'Île à Bois est une propriété privée et le maître des lieux a aménagé les deux casemates H611 une casemate type 612 pour canon de défense côtière et terrestre.L'ensemble des ouvrage fortifiés de l'île à Bois a été inventorié la Marine Nationale à l'issue de la seconde guerre mondiale, entre 1945 et 1948. Cet inventaire connu sous le vocable "Rapport PINCZON du SEL" peut être consulté dans les différentes antennes du Service Historique de la Défense, Département Marine, Vincennes, Cherbourg, Brest, Lorient, Rochefort, Toulon. Alain Bohée, chercheur indépendant de Pleubian, a complété cet inventaire par des recherches approfondies, en archives et sur le terrain, entre 1984 et 2003 (34 constructions dénombrées et décrites précisément, fig. n° 3 et 4). Il a ainsi pu constater le glissement et la destruction par l'érosion du bord de la micro-falaise d'un blockhaus pour mitrailleuse sur la côte Ouest de l'île. Quatre ouvrages militaires (repères 2, 19, 21 et 22 sur la carte, fig. n° 3 et 4 en illustration) au Nord de l'île ont souffert de l'explosion des munitions après la Libération. Dans l'ensemble, les ouvrages ont été ferraillés (concession des Domaines) ; il ne subsiste que deux ou trois blindages à des embrasures de défense d'accès. L'association G.E.R.F.A.U.T, 'Groupe d'Etudes et de Recherches des Fortifications allemandes et des Unités sur le Terrain' a aussi réalisé un inventaire de ces fortification et a pu en repérer un certain nombre (38) au début du 21ème siècle. L'isthme qui rattache l'île au continent est à mettre à l'actif des travaux de logistique effectués par l'occupant entre 1942 et 1944 ainsi que la petite jetée, à l'Est de l'île.Les principaux blockhaus localisés et repérés ont pu être identifiés et caractérisés grâce au catalogue des constructions allemandes préétablies ('Regelbauten'). Plusieurs tétraèdres en béton ont aussi été repérés sur la plage de l'île à Bois, en Kermouster (non étudiés).Cinq ouvrages fortifiés ont été étudiés précisément : le poste de commandement, la casemate type H 667, l'abri pour canons, un tobrouck et la réserve d'eau.
Auteur(s) du descriptif : Prigent Guy
Par : L'inventaire du patrimoine